La dépression vue par la psience

La dépression vue par la psience

Par C. Patrick

La dépression est un phénomène de plus en plus prévalent. Pourquoi est-ce le cas, et est-il possible de renverser la tendance? Examinons ce phénomène à travers la lentille de la psience afin de tenter de répondre à ces questions et de faire la lumière sur le fonctionnement et les causes de la dépression.

Qu’est-ce que la dépression?

On pourrait décrire la dépression comme un phénomène de perte du sentiment de jouissance de la vie. La personne déprimée perd graduellement intérêt envers tout ce qui semblait auparavant lui procurer satisfaction et ce, dans toutes les sphères de sa vie.

Les loisirs qui lui procuraient tant de plaisir aupavant lui semblent désormais sans intérêt. Idem pour son travail, ses relations familiales, ses activités sociales, etc. Tout ce qui semblait donner couleur à sa vie paraît désormais gris et morne, et bientôt la personne peine à trouver une raison de quitter son lit le matin venu.

Ce sentiment de perte de jouissance de la vie est accompagné d’une sensation plus ou moins forte de perte de sens. La personne peine à trouver une raison à sa vie ou un but quelconque à ses activités.

En quoi consiste donc cette sensation de perte de sens et du sentiment de jouissance de la vie? Selon psience, tout ceci a ses origines dans le phénomène que nous appelons le « conditionnement psychologique » de l’individu. Voyons voir plus en détail de quoi il s’agit.

Le conditionnement, point de départ de la dépression

Le conditionnement est le phénomène par lequel l’humain recherche ce qui lui procure une certaine satisfaction, répète ce qui fonctionne et abandonne ce qui produit des résultats moins agréables.

C’est un processus qui débute dès la naissance et se poursuit habituellement tout au long de la vie, durant laquelle des couches successives de conditionnements divers s’enchevêtrent, se renforcent et s’allient dans la psyché de l’humain pour former ce que ce dernier croit être sa « personnalité ».

Le conditionnement de la personne normale l’amène à tirer satisfaction de choses jugées « normales » , comme gagner de l’argent, attirer les compliments d’autrui, réussir des projets et ainsi de suite. En général, toute validation des faits et gestes, du comportement, de l’apparence, ou de toute autre caractéristique identifiable de la personne résulte en une rétroaction positive.

Ceci fait partie de la nature même du conditionnement : on recherche ce qui procure une certaine satisfaction, on répète ce qui fonctionne, puis on abandonne ce qui donne des résultats moins agréables.

Avec le temps, l’individu développe des systèmes de conditionnement en mesure de lui procurer une rétroaction positive dans la plupart, ou idéalement la totalité, de ses activités. C’est cette rétroaction positive qui est recherchée, et non le côté utile ou agréable des activités entreprises afin de l’obtenir.

Ainsi, la personne cherche à vivre une autovalidation dans son travail, ses relations, ses loisirs, etc. Une personne dite « normale » ou encore « bien ajustée » par la psychologie moderne est conforme à ces caractéristiques.

De plus, pour être perçu comme une personne normale, un être doit pouvoir justifier les activités ou les résultats obtenus dans le processus de recherche de la rétroaction positive. Gagner de l’argent, par exemple, se justifie facilement en tant qu’activité utile. Ceux qui vivent leur rétroaction positive ainsi semblent davantage normaux qu’une personne qui la vit en perdant de l’argent, en étant le plus malade possible, ou encore en s’infligeant volontairement des douleurs corporelles, comme dans le cas du masochisme.

Dans le cas du masochisme, par exemple, la douleur est utilisée afin d’obtenir le plaisir, qui représente le but justifiable de l’activité. Il y a donc des cas où la recherche de la satisfaction revêt un caractère paradoxal qu’il est difficile de réconcilier avec l’idée qu’une personne sujette à ces paradoxes puisse ne pas être complètement dingue.

Encore une fois, c’est la rétroaction positive du conditionnement qui compte et non le résultat justifiable.

Il peut même arriver que la satisfaction soit liée au sentiment de tristesse. Alors, un peu comme le masochiste, le dépressif ne parvient à se procurer une sensation de plaisir psychologique qu’en faisant monter en lui la tristesse. Encore une fois, c’est la rétroaction positive relative au conditionnement qui importe, même si dans un tel cas, ce conditionnement mène à la tristesse. L’être vit donc la satisfaction… de la tristesse. C’est la dépression.

Il s’ensuit un cercle vicieux qui ne peut que détruire l’être et ses relations avec ceux qui l’aiment. Son âme enduite de tristesse devient de plus en plus incapable de vivre la joie et l’Amour qui devraient normalement naître de ses relations avec ceux qui l’apprécient.

Cela va jusqu’au rejet de ces relations, la tristesse de la cassure assurant une dose de satisfaction qui devient tout à fait maladive. Si le processus n’est pas enrayé, cela peut mener au désespoir puis, finalement, au suicide.

Le vide qui mène à la dépression

Il arrive chez certains individus que le phénomène de rétroaction positive perde de l’ampleur, jusqu’à disparaître entièrement. Dans un tel cas, une activité justifiable et utile, comme gagner de l’argent, ne parvient plus à générer la rétroaction positive si recherchée.

Dans un premier temps, on tentera de l’intensifier, c’est-à-dire, selon notre exemple, en gagnant davantage d’argent. Mais si la rétroaction positive disparaît complètement, l’être ne vivra pas la satisfaction, peu importe combien d’argent il gagne.

L’être se rabattra alors sur d’autres éléments de son conditionnement pouvant lui procurer la satisfaction recherchée, comme ses relations, ses loisirs, etc. Il s’investira davantage en eux, puisqu’il a maintenant un manque à gagner en termes de rétroaction positive. Toutefois, il est possible qu’il perde également la rétroaction positive liée à ces autres parcelles de son conditionnement.

Il se rabattra encore et encore sur les éléments restants toujours en mesure de lui procurer de la satisfaction, mais sa vie deviendra de plus en plus morne et vide, et les points sur lesquels il pouvait auparavant se rabattre pour générer de la satisfaction, de plus en plus rares.

C’est ce processus qui mène directement à la dépression. Le conditionnement qui a servi de repère toute sa vie à l’être conditionné se trouve invalidé, du moins pour un temps. L’être conditionné perd ainsi toute motivation, car plus rien ne lui apporte la rétroaction positive qui est le moteur de son existence.

Il tombe dans un marasme, et même une inertie, qui sont bien connus des psychologues. Donc, comme nous le disions plus haut, c’est le conditionnement qui est à l’origine de la dépression.

L’évolution psychique et la dépression

Contrairement à la psychologie, la psience ne fait aucune équivalence entre la substance de l’être, c’est-à-dire son identité, et son conditionnement. En psience, le conditionnement est un acquis, alors que l’identité revêt un caractère immuable, ou à tout le moins, absolu. Ainsi, l’examen du conditionnement de la personne permet de déterminer ce qui est responsable de la dépression. Ensuite, il s’agit d’agir sur ces éléments afin de ramener un peu de paix dans la vie de l’être en proie à cette mécanique infernale.

Mais comment la rétroaction positive en provenance d’un conditionnement peut-elle disparaître? La question est vitale, puisqu’elle révèle également la voie à suivre pour l’être à qui ce trouble s’attaque.

En effet, il ne suffit pas de retirer la dépression pour que les choses reviennent à la normale, puisque cette normale dépend de conditionnements en mesure de générer une rétroaction positive, et que l’amorce de la dépression se fait lors du bris de cette mécanique.

Toute progression d’une espèce d’un état moindre à un état supérieur constitue son évolution. Pour l’humain, la dépression fait partie du processus par lequel il perd le conditionnement qui lui offrait auparavant une mesure de satisfaction. Il gagne ainsi un degré de liberté qui n’existait pas auparavant.

Car être conditionné, ce n’est pas être libre : un être conditionné agira et répondra selon son conditionnement, d’abord et avant tout. Ne pouvant agir et répondre selon son essence intérieure, mais forcé de le faire selon son conditionnement, il n’est pas surprenant que le bonheur des personnes même les plus ajustées et normales soit partiel, éphémère, et sujet à changement sans préavis.

L’être en voie de contester son propre conditionnement est appelé à sortir de cet état de robot-marionnette afin de conquérir lui-même son propre psychisme, et finalement se doter d’une liberté qui n’existe pas encore en notre ère. C’est le passage d’un état inférieur à un état supérieur, c’est-à-dire l’évolution psychique de l’humain.

En psience, la dépression est donc un symptôme d’évolution psychique, un signe de santé mentale. Plutôt qu’une étape ardue à terminer afin de recouvrer son ancienne vie, la dépression peut être vue comme une occasion unique d’entamer un processus d’évolution consciente menant à une nouvelle Vie plus vaste, plus heureuse, plus libre et plus joyeuse.

C’est une étape par laquelle passent tous les êtres en voie d’atteindre un statut psychique supérieur à la norme humaine présente, et de développer des facultés permettant une Vie à saveur paradisiaque.

Cette Vie, au lieu de constituer l’obéissance aux commandements que constituent le conditionnement, représente l’émancipation sur le plan psychique. Au lieu d’agir et de répondre selon un conditionnement acquis de son environnement, l’être apprend à agir et à répondre selon son essence ultime, son Identité.

Ceci fait de sorte que la trajectoire et la substance de sa Vie ne sont plus celles d’un pantin, mais bien celles qui lui conviennent intrinsèquement, parce que moulées et guidées par sa nature profonde.


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Source https://www.revolutiondesprit.com/


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